Il était un petit navireeee,
il était un petit navireeee…
(air connu!)

Mais dans ce cas-ci, il avait drôlement navigué, cet Héritage I. Après quelques années, il fallait se rendre à l’évidence que le navire avait besoin de soins particuliers après toutes ces années de bons et loyaux services. 

Au gré de ses moyens, la Compagnie de navigation des Basques (CNB) prend ses responsabilités et entreprend à grands frais les travaux d’analyse qui serviront par la suite à la préparation des plans et devis pour l’éventuelle cale sèche. Bien que la traverse soit rentable, il faut accepter que les profits générés annuellement sont insuffisants pour couvrir des travaux qui seront par la suite évalués d’abord à trois millions de dollars puis quelques mois plus tard à plus de cinq! 

Dans un premier temps, les démarches sont faites pour évaluer ce qui pourrait être la contribution du gouvernement dans le cadre des projets dits « normés ». Lors d’une rencontre avec les fonctionnaires du ministère des Transports du Québec (MTQ), on comprend qu’au mieux on parle d’une aide de 300 000 $, et encore! La déception de l’équipe à la sortie de la réunion est palpable, mais le moral demeure bon. Il faudra une nouvelle approche hors des programmes. Mais laquelle, dans les circonstances?

Une séance de brainstorming nous amène à nous questionner sur les subventions qui fusent de toute part pour différentes entreprises. Pourquoi en serait-il différent pour la CNB? Notre réflexion nous dirige alors tout droit vers le ministre des Transports, monsieur Bonnardel. Lors de la rencontre organisée avec le concours du débuté Denis Tardif, le ministre déclare qu’il a deux objectifs pour cette rencontre, d’abord d’assurer que L’Héritage I ait sa saison 2019, et la réalisation d’une étude sur les traverses sur le Saint-Laurent. Inutile de dire que l’optimisme régnait dans les voitures; l’une revenant sur la 138, l’autre sur la 132.

Les officiers du conseil d’administration de la CNB, secondés par le conseiller en matière maritime, Bruno Gagnon, décident alors de recueillir tout ce qui est nécessaire et demandé par le cabinet du ministre. Pour le dépôt de la demande, il faut établir la pérennité et la viabilité financière de la traverse. En complément, des employés de la Société des traversiers du Québec (STQ) viendraient visiter et évaluer le navire et feraient par la suite des recommandations au cabinet du ministre sur la viabilité du navire. Cette visite s’effectue pendant la saison 2018, et tous les documents possibles sont alors fournis à la STQ. Il faut se rappeler que la STQ avait demandé à la traverse de commencer la saison 2018 plus tôt afin d’alléger le trafic affecté par les ratées de la traverse Matane-Godbout. La CNB accepte le défi et commence ses opérations environ un mois plus tôt qu’à l’habitude. Cet élément sera souligné à maintes reprises, tant durant les rencontres que dans la documentation soumise au soutien de la demande de financement déposée par la CNB.

L’optimisme régnait
L’ensemble des échanges, tout au long du processus et jusqu’à la fin de la saison, laisse tous les intéressés optimistes. Nous avons toutes les raisons de croire que « le petit oiseau est dans sa cage » et que L’Héritage I se dirigera vers le chantier en temps opportun. Entre-temps, les démarches pour l’appel d’offres se poursuivent et un seul soumissionnaire fait connaître son intérêt.

Le navire devait donc, selon toutes les projections et prévisions, entrer au chantier en fin de saison 2019 pour en ressortir tout rafraîchi au printemps 2020! En novembre, dans un entretien téléphonique avec la STQ, qui jusque-là pilote la demande pour le gouvernement, on nous donne toutes les raisons de croire que tout va bien; nul ne saura ce qui s’est passé. Le lendemain, un autre appel nous informe du contraire, et que le navire ne vaut pas l’investissement. Il serait en fin de vie!

C’est la consternation! Qu’est-ce qui s’est passé en quelques heures?

La consternation soude les liens
C’est alors que les liens qui soudent notre communauté se sont décuplés. Depuis, le président de la CNB, Martin Dufour, le préfet de la MRC des Basques, Bertin Denis, le directeur général de la MRC, Claude Dahl, le directeur général de la Société d’aide au développement local, Yvanho Rioux, les élus locaux et membres du CA des rives nord et sud entreprennent une démarche ultime. Le navire est-il en fin de vie? La réaction de la communauté sera également immédiate.

Voyant l’implication de tous, le gouvernement accepte alors de donner une seconde chance à une demande plus détaillée. Le CLD et la SADC des Basques viendront en soutien à la traverse et financeront tantôt l’analyse complète et à nue des finances de la CNB et de son principal actionnaire, la Régie intermunicipale des infrastructures portuaires (RIIP). Cette dernière est détenue en part égale par le Conseil de la Première Nation des Innus Essipit, les Municipalités des Escoumins et de Notre-Dame-des-Neiges ainsi que la Ville de Trois-Pistoles. Il sera également décidé, à la suite d’une offre de service reçue par le maire de Trois-Pistoles, Jean-Pierre Rioux, de considérer cette dernière. La communication sera établie, et par la suite, les services de l’architecte et ingénieur naval Denis Lecours seront retenus pour évaluer le navire. Ce dernier, avec son rapport fort étoffé, placera la durée de vie du navire à près de 40 ans, selon l’entretien qui sera fait à la suite des travaux de cale sèche suggérés.

Plusieurs rapports et rencontres
Il y aura plusieurs rapports et rencontres supplémentaires. Nous apprendrons aussi que la STQ, dans son rapport de durée de vie, n’aurait pas tenu compte de facteurs importants pour leur évaluation : la salinité du fleuve au niveau de Trois-Pistoles et des Escoumins et la courte saison de navigation. À lui seul, ce dernier facteur réduit d’autant le délai de corrosion de la cale et les impacts sur celle-ci!

Sans nouvelle, la population se joint peu à peu à l’effort, en grande partie sous la gouverne de Guillaume Legault. Elle soutiendra tout au long les démarches faites et à venir de la CNB et des intervenants locaux. La population de la Côte-Nord aussi sera de la partie ainsi que les élus et les intervenants locaux qui viendront en soutien à la demande de la CNB. Les employés de la traverse, leur capitaine Jean-Philippe Rioux en tête, seront aussi de la partie par leur contribution personnelle.

Malheureusement, la considération de la demande ne viendra pas à temps pour permettre le déplacement de L’Héritage I vers le chantier. Le repos des Fêtes permet cependant aux intervenants tous azimuts de se refaire en énergie.

En trame de fond, les communications auront cours avec le Groupe Océan (GO) et la CNB afin de conserver l’espace de cale sèche. Le GO accepte de déplacer l’entrée en cale sèche au départ des glaces en avril/mai 2019. Il devient cependant évident que la saison sera compromise. La CNB recevra finalement la subvention demandée. C’est le ministre Bonnardel lui-même qui en fera l’annonce. Nous en sommes reconnaissants.

Les travaux sont effectués pendant la saison 2020. Le navire revient pour la saison 2021, et au moment d’écrire ces lignes, règles COVID-19 considérées, nos équipages sont fiers de vous servir à nouveau. Merci à ces derniers qui nous sont restés fidèles!

L’histoire révèle que la conclusion favorable de cette campagne de financement n’aurait pas reçu ce résultat sans l’implication de nos médias locaux et régionaux. Soutenons-les, d’autres batailles devront inévitablement être entreprises dans l’état actuel des choses.

Jean-Marie Dugas,
secrétaire de la CNB et de la RIIP,
et maire de Notre-Dame-des-Neiges

Horaire :

Lundi 9 h à 20 h
Mardi 9 h à 20 h
Mercredi 9 h à 20 h
Jeudi 9 h à 20 h
Vendredi 9 h à 20 h
Samedi 9 h à 17 h
Dimanche 13 h à 17 h

Suivez-nous sur facebook!