(Alexandre D’Astous)-La Fédération québécoise des coopératives de santé (FQCS) demande au gouvernement de surseoir à l’application de la Loi 2. La FQCS est encouragée par la reprise du dialogue entre la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec et le gouvernement.

La FQCS partage la volonté du gouvernement d’améliorer l’accès aux services médicaux, toutefois la Loi 2, dans sa forme actuelle, va affecter dès le 1er janvier le niveau de soins que les coopératives de santé vont pouvoir offrir à leurs patients. Pour certaines d’entre elles, il s’agit d’une question de survie.

« Les médecins qui s’impliquent en coopérative sont des partenaires indispensables. La Loi 2, dans sa forme actuelle, rend plus difficile leur engagement dans ces initiatives essentielles pour plusieurs communautés. Selon des données internes, près de 20% des médecins ont indiqué qu’en conséquence de la Loi 2, ils vont cesser de pratiquer en coopérative dès janvier 2026. D’autres sont en réflexion et vont faire connaître leurs décisions dans les prochaines semaines. Des conseils d’administration doivent déterminer si leurs coopératives peuvent continuer d’opérer en de telles conditions. Les inquiétudes au sein des coopératives de santé – incluant celles des patients, des équipes professionnelles et administratives – sont très grandes et pour cause. Certaines mesures, telles qu’elles sont formulées actuellement, risquent d’avoir des effets contraires aux objectifs fixés par le gouvernement avec la Loi 2 », affirme Marie-Claude Vachon, présidente de la FQCS.

Suspension de la loi réclamée

Dans cette optique, la FQCS réclame la suspension immédiate de la Loi 2 pour freiner cet exode et laisser le temps à la négociation d’aboutir à un accord et de corriger les mesures problématiques de la Loi 2.

Les impacts de la Loi 2 sur les coopératives de santé et leurs patients se manifestent déjà. L’attraction et la rétention des médecins en coopérative, qui sont déjà mise à mal, deviennent encore plus problématiques. Certains médecins remettent en question leur engagement dans les coopératives et le réseau de la santé québécois, pour aller pratiquer en Ontario, au Nouveau-Brunswick, dans les centres hospitaliers, dans les forces armées ou encore, pour prendre leur retraite. Cela génère des inquiétudes légitimes et de la détresse auprès des membres et des patients qui redoutent de perdre leur médecin et par conséquent, l’accès à des soins de proximité.

Les coopératives de santé sont indispensables pour certaines communautés du Québec, assurant le suivi de plus de 300 000 dossiers médicaux. Elles assurent des soins vitaux dans les déserts médicaux et font une différence importante dans la vie de milliers de Québécois. Elles demeurent des piliers essentiels pour les communautés mal desservies par l’État, là où chaque médecin et chaque clinique comptent. Leur impact sur l’accès aux soins dans les régions éloignées est fondamental.

Ainsi, la FQCS appelle à un temps d’arrêt et à un retour à la table des négociations afin d’éclaircir les zones grises qui subsistent, d’identifier des solutions réalistes et de dégager des voies de passage acceptables pour l’ensemble des parties concernées. Cet exercice paraît indispensable pour sortir de l’impasse actuelle, et assurer que les coopératives de santé puissent continuer de jouer pleinement leur rôle essentiel au sein des communautés.