(Alexandre D’Astous)-Près d’une centaine de personnes présentes à Montebello lors d’une rencontre interrégionale de membres de l’Association des groupes d’intervention en défense des droits en santé mentale du Québec (AGIDD-SMQ) expriment solidairement leur opposition à la réforme de la loi P-38 annoncée par le gouvernement du Québec. Leurs oppositions sont appuyées par Me Patrick Martin-Ménard, avocat spécialisé en droit de la santé, qui était aussi présent à cette rencontre interrégionale à Montebello.
Cette prise de position survient après l’annonce de l’intention du gouvernement de déposer un projet de loi en ce sens dès cet automne et à la suite du dépôt du 4e rapport de l’Institut québécois de réforme du droit et de la justice (IQRDJ), mandaté de mener des travaux de recherche sur une potentielle réforme.
« Nous craignons un processus antidémocratique à l’image des nombreux projets de loi déposés sous baillons par le gouvernement caquiste. Nous demandons des pratiques fondées sur le respect de la dignité humaine et la justice sociale », déclare Nancy Melanson, coordonnatrice du volet sociopolitique de l’AGIDD-SMQ.
Un meilleur accès aux services
Les groupes rappellent que la véritable urgence réside plutôt dans un meilleur accès aux services qui passe par un financement accru de ces derniers et des organismes communautaires en santé mentale. Le rapport de l’IQRDJ souligne d’ailleurs que la plupart des personnes concernées par une application de la loi P-38 avaient préalablement demandé de l’aide au Service d’aide en situation de crise de leur région sans qu’on soit en mesure de leur offrir un suivi approprié.
« Non seulement une réforme ne règle pas les problèmes d’accès aux services, elle risque d’entraîner un recul grave des droits humains pour tous »,affirmeFrançois Winter, porte-parole de l’AGIDD-SMQ.
« Nous comprenons du rapport de l’IQRDJ qu’une réforme visant à appliquer plus facilement et à rendre plus coercitive une loi d’exception privative de droits fondamentaux ne peut pas pallier le manque de ressources et de services en amont, ni les problèmes liés à la difficulté d’avoir accès à un avocat, à la méconnaissance des droits et des implications éthiques et légales de la P-38 ou à l’absence de suivi dans la communauté. Ces lacunes identifiées exigent des correctifs concrets sur le terrain, et non une réforme législative », mentionne l’organisme dans un communiqué de presse.

